Yves Zlotowski

Directeur de la Galerie Zlotowski

Yves Zlotowski; Crédit: DR

Yves Zlotowski a rejoint la Galerie Zlotowski en tant que directeur en 2015. Elle a été créée par son père Michel en 1998. Elle s’est spécialisée dans les avant-gardes du XXème siècle et montre régulièrement des grands acteurs de l’art moderne tels que Le Corbusier ou Sonia Delaunay. La Galerie a en outre contribué à la redécouverte d’artistes moins connus comme Stéphane Mandelbaum ou Eugene J. Martin. Yves a auparavant travaillé comme économiste en chef de Coface. Spécialisé dans les économies émergentes, il est titulaire d’une thèse en économie sur la Russie et a écrit plusieurs articles sur les crises dans les pays émergents.

Je commencerai mon parcours du Paris Gallery Weekend 2024 à Saint-Germain-des Prés par la Galerie Claude Bernard (7-9, rue des Beaux-Arts) qui présente les œuvres de l’artiste coréen Lee Jin Woo, faites de charbon sur papier Hanji. Ces compositions noir et blanc qui évoquent des paysages lunaires s’inspirent peut-être des Matériologies de Jean Dubuffet, la texture du charbon apportant une dimension sculpturale inquiétante. On pense à un monde détruit, une planète calcinée (après une catastrophe nucléaire ?). Mais, finalement, ce qui domine, c’est l’attachement à la matière pure – ici l’inattendu charbon – rendue à elle-même et offerte dans toutes ses possibilités.

Pas très loin, au 50 rue Mazarine, à la Galerie Lélia Mordoch, spécialiste des artistes du GRAV auquel François Morellet a appartenu, j’irai découvrir le travail de Franck Loret. Sa grande composition « Explosion volatile » m’intrigue ; elle ressemble à un Otto Freundlich déconstruit. J’ai envie de découvrir ses formes biomorphiques et ludiques au vinyle, ultracolorées. Franck Loret propose des pièces dynamiques et multiformes.

Direction Marais, pour Bigaignon, galerie que j’ai découverte à l’occasion d’une exposition dédiée à Bernard Joubert, située au 18 rue du Bourg-Tibourg, qui propose, pour la première fois en France, les photographies de Chris McCaw. L’artiste pointe son objectif vers le soleil en réalisant des enregistrements plus ou moins longs. Le résultat est comme une réinvention du ciel ou de la mer que la lumière inonde. Le
soleil a tout transformé – sa lumière et son environnement – en dessinant des sculptures géométriques suspendues. J’ai hâte de découvrir cette démarche qui se fonde sur la complicité des éléments photographiés pour altérer le processus-même, me souvenant que, chez Bigaignon, l’accrochage fait partie intégrante de l’œuvre.

Puis j’irai voir les peintures de Justin Liam O’Brien, dont l’exposition personnelle est proposée dans le bel espace de Semiose au 44 rue Quincampoix que je visite fréquemment. J’y avais particulièrement aimé les présentations d’Aneta Kajzer, Présence Panchounette et Philemona Williamson. Les scènes de Justin Liam O’Brien dégagent une émotion particulière, centrée sur le regard (ou l’absence de regard avec des yeux souvent fermés), et sur des gestes d’abandon, comme cette main saisie dans un rétroviseur qui évoque la main posée d’un jeune homme d’un portrait de Bronzino. Ce n’est pas ici la photographie du quotidien de la vie queer qui est saisi. On voit quelque chose de plus fondamental ; l’état d’être totalement soi, au travail, en méditation, ou dans un geste de tendresse avec son amant, quand l’individu semble trouver sa juste place. La référence assumée à la peinture de la Renaissance – portraits de puissants ou scènes religieuses – prend sens ici parce j’y vois une affirmation de l’individualité épanouie. Là aussi, il est urgent d’apprécier la gamme de couleur du peintre « en vrai », d’en discuter avec les galeristes, et c’est bien à cela que sert le Paris Gallery Weekend !