Galerie Nathalie Obadia
Joris Van de Moortel , Belgique
"Le poids du ciel illumine la terre"
Joris Van de Moortel music enjoys direct access to the soul, has an immediate echo of response since we have music within ourselves, 2025, Huile sur lin et cadre en acier de l’artiste avec deux sculptures de tête faites en résine acrylique et patine effet bronze (une avec le nez droit et une avec le nez cassé), © Courtesy of the artist and Galerie Nathalie Obadia Paris/Brussels
La Galerie Nathalie Obadia est heureuse de présenter Le poids du ciel illumine la terre, une exposition personnelle de l’artiste belge Joris Van de Moortel. Après avoir été invité à une exposition d’envergure au Stedelijk Museum Voor Actuele Kunst (S.M.A.K) de Gand jusqu’en mars 2025, l’artiste investit un nouvel écrin pour dévoiler ses œuvres récentes : l’espace de sa galerie parisienne, fait de recoins et d’arches que Joris Van de Moortel a orné de vitraux. Investie par ses œuvres,l’architecture de la galerie pourrait évoquer celle d’un lieu religieux : ses hauts plafonds semblent vouloir rapprocher le ciel et la terre. Une profusion de fragments célestes se mêle à des détails profanes, circulant librement parmi les peintures à l’huile, aquarelles, sculptures, miroirs, néons et une vidéo exposés. Ici, la lumière fait foi : elle voyage parmi les œuvres, les traverse parfois, révélant la vision singulière de Joris Van de Moortel — celle d’un monde qui, bien que tourmenté, se pare de mille et une couleurs.
Né en 1983 à Gand (Belgique), Joris Van de Moortel vit et travaille à Anvers. Depuis près de vingt ans, il développe une œuvre d’une grande vitalité, qu’il active par des performances – souvent musicales – mêlant des matériaux tels que la cire, le feu ou le verre. Cette approche distinctive lui confère une dimension spirituelle forte, rappelant celle d’un alchimiste moderne en quête de nouvelles explorations. Car là où certains éprouvent le poids du ciel comme un couvercle asphyxiant, Joris Van de Moortel propose des éclats créatifs fulgurants. Ses autoportraits, en proie aux flammes, entrent en éruption, tandis que l’ossature de son crâne semble avoir explosé violemment. Ce tumulte de la pensée, qui se propage autour de sa figure, se retrouve aux côtés de Hoofd met mond als poort (Tête avec la bouche comme un portail) qui, quant à elle, approfondit la réflexion sur les porosités entre le corps et l’esprit. Dans l’univers de Joris Van de Moortel, le franchissement du seuil séparant les viscères de l’épiderme semble enfin possible.
Cette étude avait déjà été explorée par l’artiste, notamment à travers le mythe de Marsyas qui abordait la thématique de l’écorchement. Le dépeçage est une façon brutale d’exposer l’intérieur d’un être : soit pour le châtier, soit pour en faire un objet d’étude clinique, révélant la chair qui appartient au régime du secret. Cette exploration est une manière pour l’artiste de parvenir à sonder, en profondeur, les entrailles de la condition humaine à l’ère de ce XXIe siècle.
Au cœur de son œuvre se déploie un subtil entrelacs de références historiques mêlées à son intimité. Il n’est pas rare d’apercevoir des guitares, des chapeaux-portraits de cire – qu’il active parfois au cours de ses performances – ou même son propre visage dans plusieurs de ses peintures. Nous pouvons ainsi retrouver ces éléments dans Ur•pheus Stringe (after Titian), dans Satan in all his glory (after W. Blake), ou encore au sein de The Lyre of Ur•pheus (Wood, String, Glue) (after Hans Leu). Sans oublier L’Apparition (after Gustave Moreau) dans lequel les têtes flottantes de Jean-Baptiste pourraient bien être la sienne. À l’image de ses œuvres autour du mythe de Marsyas, Joris Van de Moortel s’incarne tour à tour en satyre, en dieu, en martyr puis en vainqueur dans ce nouveau corpus, nous signalant que les antagonismes fonctionnent comme les pôles d’un même aimant. La nature de l’Être étant, par essence, le bien et le mal à la fois.
Joris Van de Moortel réinterprète des œuvres de la Renaissance et du romantisme qu’il transpose dans un contexte contemporain. L’exposition s’enrichit de références allant de l’Apocalypse de Dürer aux poèmes de William Blake, nous rappelant que les arts et les lettres ne sont jamais bien loin. André Breton le soulignait d’ailleurs lui-même, évoquant comment sa découverte du musée Gustave Moreau à l’âge de 16 ans avait façonné sa manière d’aimer. Joris Van de Moortel s’inscrit à son tour dans cette lignée : à chacun de ses passages à Paris, il ne manque jamais de visiter ce même musée, dont l’univers symboliste et mystique continue de nourrir son imaginaire. Il puise également son inspiration dans les grandes plumes du XIXe siècle, telles que Charles Baudelaire – auquel le titre de cette exposition fait directement référence – ou encore William Blake, dont le génie singulier fut, en son temps, jugé fou. Le poète anglais s’attelait à redéfinir les frontières du bien et du mal : dans The Marriage of Heaven and Hell (1790), il associe l’énergie vitale et le désir à l’Enfer, et la Raison au Ciel. Il rejette le dualisme traditionnel entre le corps et l’âme, célébrant l’union des contraires comme une clé pour mieux comprendre l’humanité. Dans ce même élan, Joris Van de Moortel fusionne à son tour le ciel et l’enfer dans un dialogue permanent et indissoluble. L’un des deux grands triptyques de l’exposition – chacun conçu spécialement à cette occasion– projette ainsi La Gueule de l’Enfer sur un soleil radieux, annonçant l’arrivée des divinités. Les squelettes s’unissent quant à eux à la délicatesse des coquelicots pour une danse macabre à la fois tragique et sublime.
Le poids du ciel illumine la terre est une traversée temporelle et spirituelle. Elle invite à repenser le poids de notre âme qui, provenant du ciel, pourrait illuminer la terre de son état intérieur. En évoquant ce processus cyclique de soin entre le ciel et la terre, lié aux trois dimensions de l’Être – passé, présent, futur – les œuvres présentées promettent un avenir meilleur, où l’humanité retrouverait le sens profond de son existence.
Dans l’exposition de Joris Van de Moortel, les visiteurs sont ainsi conviés à une odyssée au cœur du tumulte du monde : ils embarquent à bord d’un navire de bronze qui, tout en s’enfonçant lentement dans les abîmes de la terre, dirige sa proue vers le ciel — incarnant à la fois la chute et l’élan d’une possible ascension.
Exposition personnelle de Joris Van de Moortel
Du 17 mai à la fin juillet 2025
La galerie
Depuis l'ouverture de la première galerie à Paris en 1993, suivie de celle de Bruxelles en 2008 et d'un second espace à Paris en 2013, Nathalie Obadia expose des artistes émergents et reconnus de la scène artistique contemporaine internationale. À l'automne 2021, la Galerie Nathalie Obadia a ouvert un nouvel espace dans le quartier Matignon-Saint-Honoré à Paris.
Depuis de nombreuses années, la galerie participe également à la redécouverte d'artistes décédés comme Martin Barré, Josep Grau-Garriga, ou Seydou Keita. La mission de la galerie est également de promouvoir les artistes auprès des institutions en France et à l'international.
La Galerie Nathalie Obadia participe aux foires internationales : Art Basel, Art Basel Hong Kong, Art Basel Miami Beach, Paris+ by Art Basel, Paris Photo, Art Genève, Art Dubai, Art Brussels, Art Luxembourg, Art Paris, 1-54 Marrakech, TEFAF Maastricht, TEFAF New York entre autres.
Les artistes de la galerie
Brook Andrew, Edgar Arceneaux, Martin Barré, Nú Barreto, Valérie Belin, Carole Benzaken, Guillaume Bresson, Rosson Crow, Luc Delahaye, Patrick Faigenbaum, Roland Flexner, Roger-Edgar Gillet, Quentin Gouevic, Josep Grau-Garriga, Laura Henno, Fabrice Hyber, Shirley Jaffe Estate, Hoda Kashiha, Seydou Keïta, Sophie Kuijken, Robert Kushner, Guillaume Leblon, Eugène Leroy, Romana Londi, Lu Chao, Rodrigo Matheus, Meuser, Johanna Mirabel, Youssef Nabil, Youssef Nabil, Frank Nitsche, Manuel Ocampo, Shahpour Pouyan, Laure Prouvost, Jorge Queiroz, Fiona Rae, David Reed, Antoine Renard, Jason Saager, Sarkis, Andres Serrano, Jessica Stockholder, Mickalene Thomas, Nicola Tyson, Joris Van De Moortel, Agnès Varda, Viswanadhan, Wang Keping, Brenna Youngblood, Ni Youyu, Jérôme Zonder