Laurence Maynier

Directrice générale de la Fondation des Artistes

Laurence Maynier © Fondation des Artistes

Laurence Maynier mène une large part de sa carrière au Ministère de la culture, après des études de Lettres et Art. Elle rejoint d’abord la Délégation aux arts plastiques (DAP) en 1986. En 1996, elle crée le département de la communication et des relations extérieures de l’École nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris chargé de la programmation culturelle, des expositions, de la communication et du mécénat. En 2004, elle est nommée secrétaire générale adjointe de la Manufacture nationale de Sèvres et s'occupe plus particulièrement des relations avec les plasticiens. Avec la création de l’établissement public Sèvres – Cité de la céramique, elle devient déléguée au développement culturel de l’institution, en 2010. Depuis avril 2016, elle est directrice générale de la Fondation des Artistes, une fondation privée reconnue d’utilité publique à but non lucratif, dont la mission est l’accompagnement des plasticiens tout au long de leur carrière.

Savourer le plaisir d’arpenter Paris à l’occasion de cette nouvelle édition du Gallery Weekend, voilà une bien belle opportunité d’aller à la rencontre de quelques-unes de ces femmes qui portent et incarnent les galeries d’art et, à travers elles, un regard exigeant sur la création contemporaine, tout autant que bienveillant sur leurs auteurs et autrices.

Si elles font parfois la part belle aux femmes artistes – on ne peut que s’en réjouir –, elles expriment toujours une sensibilité particulière, une forte ténacité et sont des actrices déterminantes de l’écosystème de l’art, dont j’aimerais saluer l’engagement.

Parmi toutes ces galeristes, je fais le choix de vous proposer de suivre un parcours à travers 16 galeries dans 3 quartiers et vous invite à démarrer dans le 8e arrondissement, non loin du siège de la Fondation des Artistes.

Françoise Livinec, qui a récemment présenté le travail fascinant de Marie Vassilieff, une personnalité chère au cœur de la Fondation, révèle cette fois le singulier travail de Clarence Guéna qui revisite et s’approprie des reproductions d’œuvres ultra-connues de notre culture populaire. Passez, bien entendu, chez Hélène Bailly pour retrouver la liberté du mouvement des Fauves, avant de vous diriger vers la galerie d’Esther Schipper qui propose de retrouver Daniel Steegmann Mangrané, dont la fascination pour la biologie et la botanique ne se dément pas.

Je vous suggère ensuite de faire un crochet par Saint-Germain-des-Prés, pour découvrir à la galerie MiniMasterpiece, le choix d’Esther de Beaucé de bijoux inédits en acier poli ou rouillé, en bois flotté de Jean Grisoni. A la galerie La Forest-Divonne, les peintures de l’américain Jeff Kowatch, toutes empreintes de son monde intérieur, sont placées dans un inattendu dialogue avec un tableau du XVIIe siècle de Pier Francesco Cittadini. Tout près, à la galerie Berthet-Aittouarès, venez découvrir les imposantes sculptures de Daniel Pontoreau, qui sait se jouer de l’espace de la galerie.

Et puis, tout naturellement, nos pas nous conduisent vers le Marais où se concentrent tant de galeries dans un mouchoir de poche. On appréciera chez Nathalie Obadia les photographies et les films de Laura Henno réalisés aux Comores, qui rendent compte de la complexité de ce territoire insulaire, autant que des tensions qui les traversent. Issus de la série Lady Stardust, cinq portraits de Valérie Belin d’une mannequin dans des postures incarnant des icônes de la mode ou des pop star, sont également présentés. Chez Anne-Sarah Bénichou, on découvre les récentes photographies de Laurent Montaron réalisées en Grèce et en Turquie, à retrouver ensuite aux Rencontres d’Arles.

A la galerie Papillon ne pas rater l’exposition de Sabrina Vitali, laquelle nous parle d’alchimie et de métamorphose et la carte blanche offerte aux deux amies Colette Barbier et Claudine Papillon qui proposent un accrochage collectif à l’étage de la galerie. La galerie Anne-Laure Buffard présente Sel noir, un solo-show d’Ilanit Illouz, une photographe expérimentale que nous connaissons bien à la Fondation des Artistes. Sa quête particulièrement sensible de traces de vie dans des territoires me touche toujours autant. Anne Barrault présente Vimala Pons, cette fois à travers de petites vidéos issues de banques d’images commerciales, dont la vacuité est soulignée ce qui lui permet de décrier le consumérisme de notre société. A la galerie Jeanne-Bucher Jaeger, Véronique Jaeger a choisi de mettre en avant l’engagement du sculpteur d’eau et de vent Susumu Shingu. Autour du mouvement perpétuel fondé sur les énergies naturelles qui animent son travail, elle présente des dessins, peintures, sculptures et maquettes de ses impressionnants projets dans l’espace urbain. Je vous suggère de poursuivre chez Maria Lund pour y découvrir les peintures de Didier Boussarie, absorbé par un étang du Loiret, dont il cherche à saisir toutes les subtiles nuances. Et après l’observation, la méditation avec les créations de Levi Van Veluw à la galerie Les Filles du Calvaire dans la rue éponyme, qui nous invite fort opportunément à nous interroger sur les mécanismes de séduction des représentations religieuses. Le dialogue pictural entre Katinka Lampe & Janine van Oene est à apprécier dans leur galerie de la rue Chapon.

Surtout ne pas passer à côté, non plus, de la galerie Chloé Salgado qui révèle les dernières créations de Camille Benarab-Lopez partie sur les traces du roman Nous étions les Mulvaney de Joyce Carol Oates près de New York, que nous avons eu le plaisir de soutenir en production.

Et si l’on évoque les femmes galeristes, il faut évidemment vous rendre chez Suzanne Tarasiève, dont l’équipe réussit à perpétuer l’esprit et propose un ensemble de peintures et de photos, sensuelles et décalées, de Jürgen Klauke.