STROUK GALLERY
Pat Andrea , Pays-Bas
Simon Pasieka , Allemagne
Nazanin Pouyandeh , Iran
CROSSWALK
PAT ANDREA, Crosswalk, Huile et caséine sur toile, 260 x 320 cm, dyptique, 2021 - crédit photographique Romain Darnaud
Nazanin Pouyandeh – Simon Pasieka – Pat Andrea
Galerie Laurent Strouk
Simon Pasieka et Nazanin Pouyandeh sont d’anciens élèves de Pat Andrea, dont ils ont hérité un certain sens de la liberté : Pat n’imposait rien à ses élèves mais leur donnait les outils pour faire ce qu’ils voulaient faire. Ce mode de transmission douce et horizontale semble être la condition à un enseignement de l’art par l’art, où l’individualité artistique se révèle plus qu’elle ne s’apprend. Pat, Simon et Nazanin sont les membres de ce que l’on pourrait appeler une « famille artistique ». À la vision singulière de chacun s’appliquent les contacts des autres : appui, incitation, impression. Dans son De Rerum Natura, Lucrèce analyse la déclinaison des atomes, qui leur donne la capacité de dévier de leur trajectoire prévue et leur permet de se combiner pour former des objets plus complexes. La peinture au sein d’une « famille artistique » pourrait être comparée à cette déviation où l’influence directe ou indirecte des artistes s’ajoute comme une charge de regards à la pratique des autres, déviant toujours un peu plus de son point d’arrivée. Cette articulation de la liberté et de la volonté en peinture, d’un côté, et de la nécessité (ou non) de faire « école », de l’autre, a suscité beaucoup d’intérêt chez les historiens de l’art, particulièrement Aloïs Riegl avec le concept de « kunstwollen » qu’il développe en 1893. Selon ce principe, la force dynamique qui anime les artistes et les œuvres d’une époque donnée peut être considérée comme la manifestation d’une volonté singulière tout en restant conditionnée à des facteurs externes d’influence. L’équation posée s’applique par métonymie à la peinture. Elle relève, chez les trois artistes, d’une machine diégétique (fondée sur le récit) faite de conduits en détour ou en ligne droite, de passages plus ou moins étroits, de poids qui contrebalancent les substances éthérées. Limitée dans son médium et sa surface, la peinture projette notre esprit-corps au-delà de ces limites ; en plus de la vue, la peinture ne renonce pas à la musique, au théâtre, à la sculpture, la gravure et la danse. Elle en convoque les sens sur sa surface sensible. Aussi, au-delà du large éventail de sujets présents (jeu, guerre, sport, amour, religion), ces peintures parlent de peinture. Elles se prêtent à une réflexion sur leur histoire et leurs caractéristiques essentielles : la palette, le cadre, le croquis et la lumière intègrent la réalité du tableau dans des moyens proprement picturaux.
Apparemment, la juxtaposition de différentes plasticités sur la toile relève d’un certain maniérisme et il est toujours possible, chez Pat, Simon et Nazanin, de percevoir la technicité du medium. Mais l’artiste n’a jamais honte de faire œuvre manuelle. La véritable analogie esthétique qui existe entre les systèmes picturaux – réalistes, abstraits, figuratifs -, la seule, c’est qu’ils constituent tous une forme inventée. Pour autant, une forme plastique n’est pas le fruit du transfert plus ou moins mimétique d’une vision sur un support. C’est un ajustement conscient de quelque chose qui est intérieur : une peinture est nécessairement un ordre. « Ce qui s’oppose à la loi, selon Jean Baudrillard, n’est pas du tout l’absence de loi, c’est la règle ».1
Cette pensée, issue de son ouvrage sur la séduction, fait particulièrement sens pour la peinture de Pat, Simon et Nazanin. La séduction ne relève pas d’une énergie expressionniste mais du signe et du rituel : comme au théâtre, on adhère d’autant plus à la chose qu’on sait qu’elle prend place dans un espace fictif. Et le caractère jubilatoire de cette peinture provient en grande partie de cette relation consentie au jeu et au simulacre.
Elora Weill-Engerer
1 Jean Baudrillard, De la séduction, Paris : Galilée, 1979, p.180.
Exposition du 05 mai au 03 juin 2023.
Rendez-vous
Dimanche 28 mai 2023 de 14h00 à 18h00
Signature du catalogue de Pat Andrea
75002 Paris, France 2 Avenue Matignon
75008 Paris, France 0140468906 www.stroukgallery.com
La galerie
Au cœur de Paris, depuis plus de trente ans, la Galerie Strouk est l’incontournable fer de lance du Pop Art, des Nouveaux Réalistes, de la Figuration narrative et de la Figuration libre dont elle présente de manière récurrente les chefs-d’œuvre.
En 1991, Laurent Strouk fonde sa galerie qu’il installe tout d’abord dans le quartier Beaubourg. Dès ses débuts, il défend, ce qui reste sa marque de fabrique, le Pop Art avec Tom Wesselmann, Jim Dine, Robert Indiana, Andy Warhol, Mel Ramos, Alain Jacquet, Antony Donaldson, William Klein, Julian Opie ; la Nouvelle Figuration avec Peter Klasen, Erro, Jacques Monory, Valerio Adami, Gérard Schlosser, Bernard Rancillac, Antonio Segui, Pat Andrea ; la Figuration libre avec Keith Haring et Robert Combas. La galerie défend aussi la démarche des Nouveaux Réalistes : César, Arman, Jean-Pierre Raynaud, Mimmo Rotella, Jacques Villeglé, Niki de Saint Phalle, Philippe Hiquily.
C’est le talentueux architecte Jean-Michel Wilmotte qui assure la conception de la galerie quand elle est déplacée en 2002 dans le quartier de Saint-Germain-des-Prés. Elle s’impose alors comme un prestigieux lieu d’art avec des expositions exceptionnelles de Keith Haring, Robert Indiana, Peter Klasen, Bernard Rancillac, Gérard Schlosser, Jacques Monory... où se côtoient tradition et renouveau de l’art figuratif avec toujours un grand sens de la qualité. Avec l’arrivée de Marie Laborde en 2008 comme directrice, la galerie va continuer à défendre cette génération d’artistes en les réunissant dans des expositions thématiques de groupe : Heart (2010), Picasso Forever (2011), Paper Works (2016) et faire des incursions dans des univers différents comme avec les expositions Urban and Street Art (2016) et Varia (2018). Elle ouvre aujourd’hui ses portes à des artistes contemporains qui s’inscrivent dans la continuité de ce que Laurent Strouk a défendu.
En mars 2012, la Galerie Strouk s’installe dans son local actuel, un magnifique hôtel particulier au 2 avenue Matignon, ce sont plus de 700 mètres carrés sur deux niveaux qui permettent de donner toute leur puissance aux artistes présentés avec des expositions personnelles historiques consacrés à Valerio Adami, Robert Combas, Keith Haring, Jean-Pierre Raynaud, Gérard Schlosser, Antony Donaldson, Erro... Depuis 2021, afin d’offrir une plus grande visibilité à ses artistes, la Galerie Strouk propose des œuvres majeures de l’art contemporain dans son loft de 500 mètres carrés et des expositions ambitieuses dans son espace de 600 mètres carrés au 5, rue du Mail, en plein quartier du Louvre. Toutes les expositions sont enrichies d’un catalogue de haute tenue littéraire et scientifique. La force de la Galerie Strouk est la relation indéfectible, amicale et professionnelle qu’elle noue avec les artistes majeurs de la scène de l’art qu’elle expose.
Il faut aussi signaler la passion de Laurent Strouk pour l’œuvre de Keith Haring dont il conserve une des collections les plus remarquables d’Europe et dont il prête des pièces dans les expositions les plus prestigieuses. Laurent Strouk entretient une relation privilégiée avec Robert Combas, le génie de la Figuration libre, et a organisé d’importantes expositions de l’artiste dans sa galerie (Labyrinthe de têtes, Plein la tête, Le Théâtre de la mer) et hors les murs (Grimaldi Forum – Monaco).
La Galerie Strouk, forte de son expérience, se tourne vers l’avenir et s’ouvre aux jeunes artistes français et internationaux comme aujourd’hui le peintre et dessinateur Valentin van der Meulen et l'artiste plasticien Vincent Beaurin.
Avec ses deux magnifiques lieux au centre de la Ville Lumière, l’équipe de la Galerie Strouk, par son professionnalisme incontestable et son accueil courtois et chaleureux, s’impose dans le panorama du monde de l’art contemporain.
Les artistes de la galerie
Erró, Valerio Adami, Pat Andrea, Vincent Beaurin, Ben, Robert Combas, Love Curly, Antony Donaldson, Philippe Hiquily, Peter Klasen, Jacques Monory, Pavlos, Bernard Rancillac, Jean-Pierre Raynaud, Gérard Schlosser, Antonio Seguí, Valentin van der Meulen