Les Douches la Galerie

Carte Blanche donnée à Eric Rémy

Les Douches la Galerie donne Carte Blanche à Eric Rémy dans le cadre de l’exposition « Dans ma cuisine » présentée du 10 avril au 30 juillet 2025.

Éric Rémy met en lumière le fonds photographique Christian Bouqueret-Rémy, un ensemble remarquable de tirages d’époque couvrant plusieurs moments clés de l’histoire de la photographie : l’entre-deux-guerres en France, les années 1950-1960 en Europe, et les décennies 1980 à 2000 en France. Ce fonds, riche en archives et en ouvrages spécialisés, est accessible aux chercheurs et régulièrement sollicité pour des prêts auprès d’institutions culturelles, notamment pour les expositions Laure Albin Guillot, Germaine Krull, Jean Painlevé, les pieds dans l’eau au Jeu de Paume, Flou, une histoire photographique au Musée de l’Élysée à Lausanne, ou encore Thalassa ! Thalassa ! L’imaginaire de la mer au Musée des Beaux-Arts de Lausanne.

Poursuivant l’œuvre de valorisation engagée par l’historien de la photographie Christian Bouqueret, à qui l’on doit la redécouverte de nombreux photographes du XXe siècle, Éric Rémy s’attache à faire vivre et transmettre cet héritage. Parmi les artistes remis en lumière grâce au travail de Bouqueret figurent notamment Laure Albin Guillot, Pierre Boucher, Jean Moral, André Steiner, René Zuber, Roger Catherineau, Anneliese Hager, Dieter Appelt, ou encore Gerd Bonfert. Après avoir assuré le commissariat de sa première exposition, La nature interrogée par les photographes des années trente (2017, Ville de Melle), Éric Rémy collabore depuis 2019 avec Les Douches la Galerie. Il y conçoit une programmation exigeante mêlant expositions thématiques et monographiques : La bascule du regard (2019), Les choses de la vie (2020), Roger Catherineau ou l’Irréalisme (2021), Aux frontières du réel (2022), Les formes de l’eau (2023), et Je veux voir de l’art (2024).


Un cadrage serré sur deux clefs, une éponge, un récipient, quelques carreaux de céramique… Cette photographie de Daniel Masclet, intitulée Dans ma cuisine (1939), capte un coin anodin de son appartement. Par ce choix, il nous invite à regarder autrement les objets du quotidien, à accorder de l’attention à ce qui semble sans valeur esthétique.

Cette image donne son titre à notre exposition et en constitue le point de départ : comprendre comment la cuisine et ses objets sont devenus un sujet d’intérêt photographique au fil du temps.

Dès les débuts du médium, avec La Table servie (vers 1823-30) attribuée à Niépce, la photographie s’est emparée des codes de la nature morte. Les photographes du XIXe siècle perpétuent cette tradition (Charles Aubry, Adolphe Braun…), souvent en lien avec les beaux-arts.

Dans les années 1930, des icônes modernes émergent : Fourchette d’André Kertész (1928), Poivron d’Edward Weston (1930). Ces œuvres marquent un tournant, s’inscrivant dans une vision plus libre et conceptuelle, à l’image de Duchamp et de ses objets du quotidien réinventés.

Produits en masse, les objets de cuisine deviennent une matière visuelle abondante. Certains photographes les abordent sous un angle publicitaire, d’autres les explorent comme un territoire de formes et de textures à expérimenter : photogrammes de pâtes (Henri Foucault), fruits hybrides (Denis Darzacq), vaisselle géométrique (Kollar, Paris), transparences impossibles (Valérie Belin), ombres et reflets intrigants (Tabard, Tosani).

Ainsi, la cuisine devient un véritable laboratoire d’expérimentation photographique, un terrain d’expression entre trivialité et poésie visuelle.

– Eric Rémy
Commissaire d’exposition

 

Elizabeth Lennard, Flower Mold Red, 2010, © Elizabeth Lennard / Courtesy Galerie Pixi Marie-Victoire Poliakoff / Les Douches la Galerie, Paris.