Galerie XII
Galerie XII donne carte blanche à Chantal et Gabriel Bauret dans le cadre de l’exposition personnelle de Susanne Wellm.
Du 19 avril au 13 juillet 2024.
En 2018, Chantal et Gabriel Bauret initient avec une équipe un cycle d’expositions dédiées à la photographie nordique contemporaine, Lumières Nordiques, qui se déploie dans plusieurs musées et centres d’art en Normandie. Une deuxième édition s’est achevée en janvier 2024. Dans ce cadre, ils ont rencontré des artistes suédois, norvégiens, danois, finlandais, islandais et estoniens ; c’est en visitant à Copenhague l’atelier d’un photographe qui sera exposé à l’abbaye de Jumièges, Torben Eskerod, qu’ils font la connaissance de Susanne Wellm. Ils ont également montré en 2020, à la galerie Clémentine de la Féronnière à Paris, les travaux sur la couleur de trois photographes danoises. Par ailleurs, ils sont commissaires de deux expositions consacrées à Robert Doisneau et Robert Capa et qui circulent depuis 2021 en Italie, dans le cadre d’une collaboration avec Silvana Editoriale. Ils participent également pour la Fondation Jean-Luc Lagardère à la sélection des dossiers soumis au jury de la bourse annuelle de photographie documentaire. Gabriel Bauret prépare un ouvrage à paraître aux éditions Loco sur la photographie en France dans les années 1980. Il a été commissaire général de 2015 à 2019 de la Biennale des photographes du monde arabe pour la MEP et l’IMA à Paris, à laquelle la Galerie XII a participé.
“DE L’AUTRE CÔTÉ”
L’histoire de la photographie, depuis son invention, est celle d’une conquête pour gagner en détails, maîtriser la restitution des lumières et des couleurs, jusqu’à donner une représentation toujours plus réaliste du monde. Et comme dans un mouvement de balancier, des artistes se sont à l’inverse employés à retrouver une approche sommaire de notre environnement pour mieux faire appel à l’imagination et tutoyer la fiction.
Susanne Welmm a inventé une machine à jouer avec le flou, à donner l’illusion d’un mouvement, à introduire une part de mystère. Pour ce faire, elle a puisé dans une réserve de clichés de toutes provenances et dont les auteurs sont souvent anonymes ; cette réserve, qui lui a parfois permis de superposer des images différentes, offre un matériau à partir duquel elle a opéré de subtiles manipulations : une opération que l’on peut assimiler à celle d’un tissage qui fait s’entremêler, à l’instar d’un contrepoint musical, de longues bandes de tirages avec des fils se répartissant très régulièrement et méthodiquement à la surface de l’œuvre, ou s’interrompant parfois au milieu des photographies.
Ce tissage forme ainsi une trame et filtre la vision. Le geste artistique se concentre sur cet entremêlement, la main guidant le métier à tisser ; il se loge dans le travail de la matière même de l’œuvre qui sera offerte à notre regard. Le sujet de l’image est relégué au second plan comme si l’attitude de l’artiste voulait témoigner d’une forme d’humilité à son égard. Un rideau est tombé entre le spectateur et la scène, mais l’on entrevoit que derrière lui un monde vit et bouge, la transparence du tissu, comme parfois au théâtre, laissant deviner des présences : nous percevons la réalité par bribes. Et la légende que l’artiste donne ici à chacune des œuvres nous entraîne sur la voie d’un récit dans lequel se profile l’idée d’un voyage, la traversée d’un paysage urbain, l’exploration d’intérieurs inconnus.