Michel Rein
Sophie Whettnall , Belgique
"Invisible"
Sophie Whettnall, Invisible landscape, 2025, soie perforée, cadre cuivre, 51,5 x 40 x 3,5 cm, Photo © Isabelle Arthuis, Courtesy of the artist and Michel Rein, Paris/Brussels
Michel Rein a le plaisir de présenter InVisible, la sixième exposition personnelle de Sophie Whettnall à la galerie.
La pratique de Sophie Whettnall, mêle la vidéo, le dessin, la performance et l’installation, s’articule autour d’une exploration continue de la lumière, ses apparitions, ses absences et ses déplacements. Les œuvres, à la fois sensibles et puissantes, prennent forme à travers des gestes physiques, répétitifs et méditatifs, où le temps devient matière.
Avec InVisible, l’artiste poursuit cette réflexion à propos de ce qui échappe au regard, ou ce qui est peu regardé. L’exposition met en tension présence et effacement, interrogeant les mécanismes de l’hyper-visibilité dans nos sociétés contemporaines. Une tentative de résister au vacarme par le silence, au spectaculaire par la retenue.
D’une rive, l’autre ouvre l’exposition avec une sculpture réalisée à Conflans-Sainte-Honorine, en bord de Seine. Inspirée du paysage visible depuis l’autre rive , proche mais inaccessible, l’œuvre résulte d’un dialogue entre l’espace public et l’espace privé. Sophie Whettnall crée un espace dans l’espace, permettant de contempler ou de revisiter le paysage. Elle y met en tension le monumental et le quotidien, l’intime et le transparent : une opposition féconde où la magie opère.
Cette tension entre perception directe et retrait se prolonge dans une suite d’oeuvres sur satin – Invisible & Shifting Landscape. Depuis 2022, Sophie Whettnall utilise ce tissu à la fois fluide, réfléchissant et insaisissable, aussi associé au féminin. Elle y imprime des formes discrètes, presque fantomatiques. En jouant avec les ombres et les reflets, l’artiste interroge l’invisibilisation des femmes, de leurs gestes et mémoires. Ces œuvres révèlent autant qu’elles dissimulent, invitant à une attention sensible, en écho aux thématiques de disparition et d’apparition qui traversent toute l’exposition.
Ce rapport intime au paysage prend une forme sculpturale avec Layer Cake. Chaque sculpture associe un tabouret, un socle, une plaque de cuivre et un rocher de Fontainebleau peint à l’encre de Chine. Ces compositions, telles une forêt de pierres, évoquent une nature contenue dans l’espace d’exposition. Ces sculptures dialoguent avec une esthétique japonaise du paysage, fondée sur l’observation attentive, la lenteur, la superposition des formes et des matières. La confrontation entre le temps de la nature et celui de l’exposition est ici tangible, dans ces objets stratifiés, où chaque couche inscrit une mémoire, un geste, une tension. Cette logique de couches et de lignes entre en résonance directe avec la série Plaster Landscape présentée à l’étage de la galerie.
Sophie Whettnall compose des topographies abstraites à partir de papiers déchirés, créant des paysages mentaux traversés par la mémoire, l’érosion, la perception. Ces œuvres traduisent une même attention à la matière, au fragment, à la lente élaboration des formes, où l’invisible affleure dans les interstices du papier.
Cette recherche se déploie à une toute autre échelle dans Ratrack Project, installation vidéo en diptyque. Réalisée lors d’une résidence à la 3D Foundation à Verbier, l’œuvre met en scène un dessin monumental et éphémère tracé dans la neige à l’aide d’une dameuse dont son usage a été détourné pour réaliser cette performance. Ce dessin à l’échelle du paysage engage non seulement un flanc de montagne comme support, mais implique aussi les travailleurs de la montagne qui ont participé au geste. Avec cette collaboration un lien s’est créé. Le résultat, partiellement incontrôlable, se joue à la frontière du visible, entre maîtrise et hasard. Le paysage devient une archive vivante, fragile, éphémère.
Née en 1973, Sophie Whettnall vit et travaille à Bruxelles. Lauréate du Belgian Art Prize en 1999, son travail a été exposé notamment à la 52ème édition de la Biennale de Venise, au MAC’S Grand-Hornu, à BOZAR et La Centrale (Bruxelles), au Utah Museum of Fine Arts (Salt Lake City), à la Galleria degli Uffizi (Florence), au CGAC (Saint-Jacques-de-Compostelle), au Museu de Arte Moderna Aloísio Magalhães (Brésil), au COAC (Barcelone), à STUK (Louvain), au Chiostri di San Pietro et à La Fondazione Palazzo Magnani (Reggio Emilia), mais aussi au TANK (Shanghai, Sélection Wiels).
Exposition personnelle de Sophie Whettnall
Du 22 mai au 19 juillet 2025
La galerie
La galerie Michel Rein a été fondée en 1992 à Tours, puis s’est installée à Paris en 2000. Depuis 2013, nous disposons d’un second espace à Bruxelles.
La galerie entretient des collaborations à long terme avec des artistes émergents et établis, français et internationaux.
Nous nous concentrons sur des artistes qui interrogent le monde contemporain de manière poétique. Les questions écologiques, les minorités et les enjeux historiques sont au cœur de notre engagement.
La plupart de nos artistes ont participé à des événements internationaux majeurs. Notre galerie est partenaire de musées internationaux ainsi que de collections privées et publiques à travers le monde.
Depuis trente ans, nous participons à des foires d’art internationales telles qu’Art Basel, Art Basel Paris, Art Brussels, Art Genève, Miart, ARCO, The Armory Show, etc.
Les artistes de la galerie
Maria Thereza Alves, Jean-Pierre Bertrand, Sébastien Bonin, Mariana Bunimov, A.K. Burns, Michele Ciacciofera, Jordi Colomer, Abigail DeVille, Jimmie Durham, Didier Fiúza Faustino, Dora García, Apóstolos Georgíou, Piero Gilardi, Mathew Hale, Christian Hidaka, Jean-Charles Hue, Armand Jalut, Ariane Loze, Didier Marcel, Stefan Nikolaev, Dan Perjovschi, Frank Perrin, Elisa Pône, Mark Raidpere, Enrique Ramírez, Michael Riedel, Hugo Ruyant, Edgar Sarin, Anne-Marie Schneider, Franck Scurti, Allan Sekula, Marinella Senatore, Agnès Thurnauer, Luca Vitone, Sophie Whettnall
Galerie sélectionnée par Audrey Guttman