Isabelle Alfonsi

Co-fondatrice de la galerie Marcelle Alix

Née en 1979, Isabelle Alfonsi est diplômée de l’Institut d’Etudes Politiques de Paris et de University College à Londres. En 2009, elle a co-créé avec Cécilia Becanovic, Marcelle Alix, galerie d’art contemporain située à Belleville (Paris). Elle élabore depuis 2014 des conférences sur les lignées d’un art queer contemporain, dont certaines ont été performées en drag. Son ouvrage sur le sujet, Pour une esthétique de l’émancipation est paru aux éditions B42, Paris, en septembre 2019.

Mes choix de galeries, pour le Paris Gallery Weekend, ont pour guide l’ardeur et la ténacité des galeristes. J’aime les lieux modestes où le·la galeriste et leurs équipes sont accessibles et prompt·es à évoquer ce que leur font les œuvres et les artistes, la multitude d’affects que nous traversons au contact avec elleux.

Mon tour de galeries du Paris Gallery Weekend commencerait par la Galerie Zlotowski, un des lieux emblématiques de ces galeries de St Germain-des-prés que le monde nous envie (j’aime à le croire en tout cas). Les accrochages parfaits et scénographiés juste ce qu’il faut permettent de regarder chaque œuvre avec le rythme et l’attention requise. Nul doute que l’exposition d’œuvres sur papier de l’artiste africain-américain Eugene James Martin, décédé en 2005, offre à Yves Zlotowski, l’un de mes galeristes préférés, l’occasion de nous éclairer élégamment sur son travail. L’abstraction biomorphique développée par l’artiste depuis les années 70 me semble par ailleurs avoir produit beaucoup d’émules aujourd’hui et c’est pour cela qu’il m’est cher de commencer ce mini parcours par une position artistique éclairante au regard de l’histoire de l’art.

La Galerie Isabelle Gounod est l’une de ces enseignes où l’on aime se rendre pour bavarder et se laisser conter les derniers coups de cœur de la galeriste. Les toiles de Raphaëlle Bertran Pinheiro, jeune diplômée des Beaux-Arts de Paris, sont parmi ceux-là. Elles trouvent dans l’agréable espace d’Isabelle, situé au cœur du Marais, le lieu idéal pour une première exposition personnelle. Je peux imaginer quels voyages intérieurs Isabelle se plaît à décrire aux visiteur·euse·s qui passent le seuil de sa galerie : les œuvres de la peintre offrent d’étonnantes associations entre inspirations symbolistes et surréalistes qui évoquent finalement de multiples périls contemporains.

Je ne manquerais pas non plus de visiter ce weekend la Galerie Peter Kilchmann. Nouvelle venue à Paris et installée dans l’ancien espace d’Art : Concept puis de Thomas Bernard rue des Arquebusiers, elle est bien connue en Suisse et internationalement pour défendre un grand nombre d’artistes politiques, comme Artur Zmijewski, Maja Bajevic, Javier Tellez ou Teresa Margolles. Je me souviens avec admiration, lors de mes premières visites de salons d’art contemporain à l’étranger au milieu des années 2000, de ses stands exigeants où la vidéo prenait une place prépondérante. L’exposition d’Adrian Paci, peu vu à Paris depuis son exposition au Jeu de Paume en 2013, me semble une belle occasion d’aller échanger avec Peter Kilchmann et son staff du long chemin parcouru aux côtés de l’artiste albanais qu’iels représentent depuis 20 ans.