Florence Bonnefous

Co-fondatrice de la galerie Air de Paris

Florence Bonnefous fonde Air de Paris en 1990 à Nice avec Edouard Merino. Samouraï d’un jour et amatrice d’art toujours.

Je vais d’un voisin à l’autre, de Laurent Godin dans le 13ème arrondissement à Vincent Sator à Komunuma à Romainville ;

Il y avait sept samouraï dans le film original, il y a 11 dessins magiques chez Laurent Godin, onze petits oeuvres spirites réalisées de mémoire par Hélène Smith (1861-1929) au lendemain des transes médiumniques qu’elle a traversées pendant cinq années depuis 1894. Mondes construits et mondes rêvés, que l’on retrouve aussi chez Hugues Reip (1964), ne manquez pas les petites sculptures composées de fragments minéraux ou végétaux et retenez votre souffle face aux boules de poussière en lévitation. C’est une exposition pour « rendre l’irréel véritable », n’est-ce-pas une des trois cent définitions du nom de l’art ? Je sors en vert.

Je fais un détour par le quartier Saint Germain, à la Galerie Pixi Marie Victoire Poliakoff consacre une exposition hommage à Duncan Hannah (1952-2022). Duncan Hannah est un garçon du vingtième siècle comme le chantaient Marc Bolan puis David Bowie, il nous a quittés l’été dernier. Un It Boy dont les petites peintures figuratives, qui furent anachroniques, distillent une ambiance « à la » Hopper ; de minis essais cinématographiques qui capturent des scènes du temps perdu. Je sors en twin set pastel.

J’arrive à Romainville, je m’arrête à la Galerie Sator. Il présente « Ceux qui creusent », une exposition de Eric Manigaud (1971). Ceux qui creusent, ce sont les esclaves africains qui travaillaient pour le roi du peuple des Belges, dès la fin du 19ème siècle. Manigaud produit de grands dessins photographiques (du graphite et de la poudre graphite sur une trame digigraphique) et semble passer un temps infini à reproduire des images d’exactions de notre proche passé. Un lent chemin personnel au travers d’archives des évènement traumatiques des 19 et 20ème siècles, là d’où on vient. Je sors en noir et blanc.

 

Photo : Trisha Donnelly