Skarstedt Gallery
Martin Kippenberger : De Lumière et Sentiments
Martin Kippenberger , Allemagne
Martin Kippenberger, Sans titre (de la série ‘Fred the Frog’), 1989-1990, signé et daté Kippenberger 90 (au dos), huile sur toile, 240 x 200 cm, © Estate of Martin Kippenberger, Galerie Gisela Capitain, Cologne, courtesy Skarstedt Gallery
Skarstedt a le plaisir de présenter la première exposition dédiée à Martin Kippenberger (1953 - 1997) en France depuis 1996: une sélection de six peintures de la célèbre série Fred the Frog sera mise en dialogue avec six Laternen, sculptures de lampes urbaines.
Fred the Frog, mi-autoportrait, mi-caricature, est le personnage principal de ces compositions, où le motif provocateur de la crucifixion est récurrent. Conçue principalement à Los Angeles entre 1989 et 1990, à l’exception d’une œuvre conçue à Séville, cette série raconte la relation que Kippenberger entretient avec lui- même et la vision qu’il porte sur le rôle de l’artiste au sein de la société.
Tous les tableaux de la série sont d’une complexité similaire dans leur construction, nécessitant un déchiffrage progressif. Des fragments de poèmes et des mots suggestifs tels que « vision », « blague » et « sentiments » sont entrelacés avec une variété de symboles qui lui sont propres. Parmi la superposition d’images satiriques telles que la chope de bière et la croix, la main et l’œuf sont les leitmotivs qui vont donner à leur tour naissance aux corpus Hand Painted Pictures (1992) ou encore Eggman I et II (1994).
Le dénominateur commun de ces compositions est l’omniprésence des processus de transformation : de l’œuf au têtard, du têtard à la grenouille, de la grenouille à l’artiste, de l’artiste à la figure crucifiée. Ou encore, du spectateur au spectacle, de l’homme à la femme (ou vice versa), du condamné au sauveur, de l’irrévérence à la gravité, c’est toujours le principe de métamorphose qui anime ce corpus pictural.
Le caractère contestataire de ces motifs est indéniable. La substitution de l’homme (voire Dieu fait homme) par un animal cloué sur une croix peut être perçu comme un procédé satirique. Cependant, Manfred Hermes a argumenté que cette idée de « croix que l’artiste doit porter » n’a pas d’intention blasphématoire. La grenouille est conçue plutôt comme un alter-ego - dans la mesure où il est métaphoriquement cloué sur son propre chassis - victime sacrificielle refusant de compromettre son œuvre malgré les critiques adverses, les mêmes pourtant qui empêchent sa mutation finale de grenouille en prince charmant. Ce corpus s’avère prémonitoire de l’œuvre Martin, Into the Corner, You Should Be Ashamed ofYourself, 1989/90.
« Inutile d’aller au musée, tout se trouve dans la rue. Les rues sont pleines d’incitations à la construction de ton propre monde, un monde amusant. Je suis pour un monde de bonne humeur. (...) Une rencontre avec un frigo peut soudain te faire rire. Grâce à ce type de parcours, tu reconduis les idées à leur origine, tout en faisant un détour. C’est pourquoi je reconstruis certaines choses trouvées dans la rue. »
Les sculptures Laterne (Lampe) s’inspirent de l’imagerie populaire des dessins animés représentant le lampadaire ondulant, compagnon nocturne de l’ivrogne égaré. Sillonnant gracieusement les murs ou se courbant en guise de révérence, les sculpture-lanternes sont de véritables objets anthropomorphiques à la tête illuminée. Les photographies réalisées pour son livre Psychobuildings en 1988, ainsi que l’œuvre de Picabia Portrait Pour Rire (1915) dédié à Max Jacob sont également à l’origine de ces sculptures. Le lampadaire est ainsi devenu le terrain de jeu de prédilection de Kippenberger et l’élément central de sa pratique sculpturale, lui permettant d’explorer les limites entre l’objet, l’art et l’architecture, et d’élever au statut d’œuvre d’art ces objets d’apparence utilitaire. Kippenberger a réalisé les premières sculptures Laternen entre Séville et Madrid en 1988 : la pionnière de la série, Laterne an Betrunkene, (Lampe de Rue Pour Ivrognes, 1988), est devenue célèbre lors de son exposition à la Biennale de Venise la même année.
Rendez-vous
Jeudi 19 mai 2022 de 17h00 à 20h00
Vernissage – Martin Kippenberger : De Lumière et Sentiments
75008 Paris, France 0188884800 www.skarstedt.com
La galerie
Fondée par Per Skarstedt en 1994, la Galerie Skarstedt réalise des expositions de qualité muséale d’artistes contemporains européens et américains.
Skarstedt travaille en étroite collaboration avec des artistes et des successions afin de réunir des corpus d’oeuvres cohérents et significatifs et de proposer des expositions sur des moments charnières de l'histoire de l'art du XXe siècle. Représentant certains des artistes les plus célèbres de leur génération, initialement spécialisée dans la Pictures Generation, Skarstedt organise également des expositions d’oeuvres inédites, qui continuent à remettre en question
les limites des pratiques artistiques contemporaines.
Skarstedt s'engage à soutenir et à promouvoir l'héritage d'artistes internationaux de premier plan en exposant leurs oeuvres dans ses galeries de New York, East Hampton et Londres, en publiant des ouvrages exhaustifs de leurs expositions et en travaillant avec les institutions phares des villes ou la galerie est implantée.
Les artistes de la galerie
Francis Bacon • Georg Baselitz • John Chamberlain • George Condo • Willem De Kooning • Carrol Dunham • Eric Fischl • Peter Fischli & David Weiss • Lucio Fontana • Günther Förg • Keith Haring • Jenny Holzer • KAWS • Mike Kelly • Martin Kippenberger* • Yves Klein • Barbara Kruger • Robert Mapplethorpe • Juan Muñoz • Albert Oehlen • Pablo Picasso • Sigmar Polke • Richard Prince • David Salle • Thomas Schütte • Cindy Sherman • Rosemarie Trockel • Andy Warhol • Rebcca Warren • Franz West • Sue Williams • Christopher Wool *Succession de Martin Kippenberger aux U.S. en collaboration avec la Galerie Gisela Capitain, Cologne